Juridiction internationale et langues locales : comment la Cour Pénale Internationale traque la justice multilingue

Les grandes lignes des observations de Leigh, basées sur ses propres recherches, sont axées sur les difficultés linguistiques que rencontre l’une des institutions les plus importantes et les plus controversées de ce début du XXIe siècle : la Cour pénale internationale (CPI). 

Que l’on soit d’accord ou non avec ses mandats d’arrêt ou ses stratégies actuelles en matière de poursuites, la CPI est chargée de poursuivre les différentes procédures pénales en cours qui au total, impliquent plus de 30 langues. Certaines d’entre elles sont qualifiées de « langues moins répandues » et pour les intégrer dans les procédures judiciaires, les activités de sensibilisation et les programmes nécessitant la participation des victimes, il a fallu mettre en place des stratégies innovatrices pour recruter et former des interprètes et pour enrichir le vocabulaire juridique. 

Les efforts de la Cour dans la promotion des langues sont mis en relief par l’article 67-1 de son propre Statut, qui déclare que les accusés doivent être informés des accusations qui leur sont portées et doivent être en mesure de suivre leurs procès dans une langue qu’ils « comprennent et qu’ils parlent parfaitement ». Par ailleurs, afin de permettre aux victimes de crimes de « comprendre, participer et se sentir concernées par le procès », la CPI doit également s’adapter à la langue des témoins, des victimes et des membres des communautés affectées. 

Les réflexions de Leigh permettent de mettre en relief les efforts considérables de la CPI à essayer non seulement de démontrer la capacité des langues locales à transmettre des notions complexes et déterminantes du droit international et des procédures, mais également de donner la parole aux victimes de conflits vu qu’il n’existait pas de plateforme mondiale où ils pouvaient partager leurs points de vue et leurs expériences. Tenir un procès dans plusieurs langues peut s’avérer complexe et coûteux, mais sans cette adaptation, la justice internationale pourrait s’avérer vide de sens pour ceux qui en sont le plus concernés.

Leigh supervise l’Institut Brandeis pour les magistraux internationaux et le Projet d'histoire orale des tribunaux ad hoc . Elle a co-écrit « The International Judge :» : An Introduction to the Men and Women Who Decide the World’s Cases (2007). Ses travaux universitaires et ses publications ont porté sur les questions de la langue et de la diversité culturelle dans les cours et tribunaux pénaux internationaux, sur la pratique de la langue dans l’Afrique post-coloniale, et sur l’immigration africaine et la réinstallation des réfugiés aux États-Unis.

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