La santé, l’économie et la langue en Afrique : étude de cas

Bien que, d’après les estimations, la croissance en Afrique subsaharienne soit retombée à 1,5% en 2016, compte tenu de l’adaptation des exportateurs au faible niveau des prix des produits de base, les performances de croissance de l’Afrique au cours des deux dernières décennies ont été remarquables. Malgré des risques baissiers résultant d’une nouvelle propagation de l’épidémie du virus Ebola, d’insurrections violentes, de la baisse des prix des matières premières et une situation financière mondiale instable, l’on s’attend à une reprise de la croissance de 2,9% en 2017 et à plus de 3,5% à l’horizon 2018 dans cette région du monde (Global Economic Prospects, Banque mondiale 2017).

Pourtant, des institutions telle que la Banque africaine de développement (BAD) plaident pour une “croissance économique inclusive” et la nécessité de “bâtir la résilience avec des capitaux propres et par le biais de l’inclusion”. Par ailleurs, deux des principales priorités opérationnelles de la BAD, les “High 5s”, sont : “Intégrer l’Afrique” et “Améliorer les conditions de vie des Africains”. 

Quel est le maillon manquant ? Pourquoi la majorité des Africains ne profitent-ils pas de cette croissance économique ? Comment l’Afrique subsaharienne peut-elle être “intégrée” et comment peut-on effectivement “améliorer les conditions de vie” de ses populations ? 

Cette communication explique comment établir des passerelles entre la croissance économique, la langue et la communication peut embarquer tout le monde et conduire au développement durable. Comme la FAO à la fin des années 1980, elle soutient qu’il “ne peut y avoir de développement sans communication” (Balit, 1988), et que l’une des causes profondes de la fragilité et de l’incapacité à atteindre l’objectif de croissance inclusive en Afrique subsaharienne est la marginalisation linguistique de la majorité de la population et l’absence de politiques d’aménagement linguistique efficientes et efficaces.

Titulaire d’un Ph.D. de Georgetown University (1985), Paulin est Professeur de sociolinguistique appliquée et auteur de plusieurs publications sur le rôle de la langue dans le développement durable en Afrique, en Australie et en Asie du Sud-est. Membre des comités scientifiques de plusieurs revues internationales de sociolinguistique et titulaire de nombreuses distinctions honorifiques, il a fait toute sa carrière universitaire aux États-Unis, en Australie et en Asie (Chine et Laos).