De 2004 à 2012, Harmon s’engagea publiquement dans la promotion de la bilitéracie en anglais-kreol, menant à l’introduction du Kreol Morisien dans le cursus scolaire primaire à partir de 2012. Harmon est actuellement Directeur Adjoint/ Responsable du secondaire au Service Diocésain de l’Education catholique, Ile Maurice.

A la table des langues

En 2004, j’eus la responsabilité de piloter un projet de litéracie et numéracie dans les établissements secondaires catholiques en utilisant la langue maternelle notamment le Kreol Morisien auprès des adolescents ayant des difficultés d’apprentissage scolaire. L’acquisition de la lecture, l’écriture et le calcul se faisait en Kreol tout en suivant le programme national dont le medium d’enseignement officiel est l’anglais. La montée en force d’un mouvement identitaire créole poussa l’Etat mauricien à introduire le Kreol Morisien comme une langue optionnelle au même titre que les langues Asiatiques /L’Arabe, qui sont des marqueurs d’identité. Dans sa communication ‘Language, class and power in post-apartheid South Africa’ (2005) / Langue, classe et pouvoir dans l’Afrique du Sud post-apartheid’ (2005), l’activiste et universitaire Neville Alexander (1936-2012), écrit ‘il y a deux sources d’où provient le pouvoir d’une langue, c’est-à-dire le pouvoir des individus ou des groupes de réaliser leurs intentions ( volonté) par l’entremise d’une langue ou inversement, la capacité des individus ou des groupes d’imposer leur agenda sur les autres ( déposséder l’autre de ses moyens). Le combat pour le Kreol Morisien a été sous-tendu par les revendications pour la réparation linguistique et culturelle. Alors que le Kreol Morisien est la langue vernaculaire du pays, il a été historiquement associé à l’esclavage et au préjugé anti- noir. Cette situation a été responsable en partie pour le retard dans la reconnaissance du Kreol Morisien alors que le francais est la langue de prestige et l’anglais celle de la mobilité sociale. Donc, la langue est une conquête du pouvoir. Je dirais que le pouvoir de la  langue en situation post-coloniale est à l’image du partage de l’Afrique à la Conférence de Berlin. C’est le contrôle qu’exerce l’élite de la classe moyenne à la table des langues pour asseoir son pouvoir.